La Troisième République : un régime, un empire colonial

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La IIIème République, un régime et un empire colonial (1870-1914)

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Documents complémentaires

Diaporama – La République, trois Républiques

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Diaporama – L'empire colonial français

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Les expositions coloniales

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Cours – La colonisation (1830-1945)

I - Les raisons de la colonisation

La conquête du monde par les puissances européennes s'explique par l'existence de nombreux facteurs. En effet, même si l'on observe l'importance de la raison économique, on ne peut pas omettre de citer d'autres motivations beaucoup moins mercantiles, mais qui témoignent toujours d'un sentiment de supériorité.

On peut avancer aussi la pression démographique puisque l'Europe connaît une forte augmentation de sa population de 1870 à 1914. Cela provoque une importante émigration (environ 1 450 000 émigrants) lors de cette période. Toutefois, cette situation ne concerne pas la France et de nombreuses colonies reçoivent peu de migrants (cas de l'Afrique noire).

Les rivalités impérialistes entre les nations européennes ont aussi fortement motivé la colonisation. Le contrôle du trafic maritime pouvait être renforcé par la possession de bases militaires et de centres de ravitaillement. De nombreux hommes politiques et membres du clergé ont légitimé la colonisation par l'évangélisation des indigènes. Il est vrai que, souvent, les missionnaires dont les jésuites accompagnaient les avancées coloniales. De nombreux intellectuels français désiraient répandre dans le monde les valeurs démocratiques et de progrès.

À la fin du XIXe siècle, l'Europe domine le monde par sa puissance économique et sa vigueur démographique. Une grande partie des intellectuels est persuadée que les nations européennes ont un devoir d'instruire le monde. L'Europe a donc a leurs yeux, une mission civilisatrice. L'entreprise coloniale est légitimée également par de nombreux auteurs et savants qui soutiennent le principe de l'inégalité des races. L'exploration du monde est aussi motivée par l'essor des sociétés de géographie qui encouragent le départ de nombreuses expéditions et explorateurs vers des terres étrangères.

II - La formation des grands empires coloniaux

Le continent africain est l'objet de toutes les convoitises et provoque de nombreuses tensions entre les puissances colonisatrices. La conférence de Berlin de 1884 définit des règles afin d'organiser pacifiquement la colonisation de l'Afrique. En 1914, le partage du monde est achevé. Deux grands empires coloniaux se sont constitués : l'Empire britannique (30 millions de km2 et 400 millions d'habitants) et l'Empire français (10 millions de km2 et 50 millions d'habitants). Cependant, de nombreux autres pays tels que l'Allemagne (Togo, Cameroun, Sud-Ouest africain, îles Marshall), l'Italie (Tripolitaine, Éthiopie en 1936) et la Belgique (Congo), se sont lancés dans la conquête coloniale. À partir de 1898, les États-Unis s'emparent de terres nouvelles.

De nombreux États indépendants connaissent également une perte de leur souveraineté du fait de l'importance des capitaux étrangers dans leur économie. Par ailleurs, de nombreuses puissances européennes obtiennent des concessions (concession de la ligne Byzance-Berlin-Bagdad accordée à l'Allemagne par la Turquie en 1903).

III - L'administration des colonies

L'administration des territoires a été tardive à se mettre en place ; il faut, en effet, attendre 1894 pour que soit créé un ministère des Colonies en France. Le Colonial Office britannique n'emploie qu'une soixantaine de personnes. Deux conceptions administratives s'opposent : la politique d'assimilation et celle de l'association. Toutefois, certains territoires ont acquis un statut particulier. Les protectorats et les dominions traduisent la variété des types d'administration des colonies.

IV - La transformation économique et sociale des colonies

Les espaces colonisés ont subi des transformations importantes au niveau de leur économie. Les métropoles ont privilégié l'exploitation des matières premières minérales et agricoles. Elles ont insisté sur le développement des cultures commerciales (plantations d'hévéa, de café, etc.) et négligé la culture vivrière au dépend des paysans locaux. Les voies de communication sont modernisées (ponts, routes, chemins de fer) afin de faciliter les transports des matières premières de la zone d'extraction vers les espaces de distribution (villes portuaires), la vocation première des colonies étant de fournir en ressources les métropoles. L'exploitation agricole et la construction des infrastructures se fait souvent par le biais du travail forcé.

Les européens ont développé également les infrastructures sanitaires (hôpitaux, cliniques, dispensaires) et pratiqué la vaccination permettant de lutter plus efficacement contre les maladies tropicales (paludisme) ; la médecine coloniale a provoqué une baisse significative du taux de mortalité.

En revanche, l'avancée de l'instruction dans les colonies a été plus que mitigée. Toutefois, certaines personnes (souvent des élites locales) ont pu accéder aux études supérieures.

Pistes de lecture 👇🏻

– Pascal BLANCHARD, Sandrine LEMAIRE, Culture coloniale (1871-1931), éditions Autrement, 2003.

– Nicolas BANCEL, Pascal BLANCHARD, Gilles BOËTSCH, Sandrine LEMAIRE, Éric DEROO, Zoos humains, de la Vénus hottentote aux reality shows, éditions La Découverte, 2002.

– Alain RUSCIO, Le crédo de l'homme blanc, éditions Complexe, 2002.

– Paul WEBSTER, Fachoda, la bataille du Nil, éditions Felin, 2001.

– Henri WESSELING, Le partage de l'Afrique, éditions Folio, 1996.

– Marc FERRO, Histoire des colonisations, éditions du Seuil, 1994.